Les Abbayes avant la Révolution de 1798
Mais qui sont ces abbayes ?
Et pourquoi ce nom d'abbayes ?
C'est, en fait, une spécificité vaudoise. Partout en Suisse ou en Europe, une Abbaye désigne une communauté de religieux, se retirant du monde pour méditer et prier.
Mais au Pays de Vaud, dès le XVII ème siècle, et plus généralement dès le XVIII ème siècle, on donne ce nom d'abbaye à des communautés de "tirage" (soit de tir).
Pourquoi ? Comment ? Nul ne l'a expliqué.
C'est peut être dans la signification du mot "communauté" que l'on pourrait trouver une possible explication.
Il ne faut pas perdre de vue que les abbayes "religieuses", si elles se vouaient au salut éternel de leurs adeptes, devaient sacrifier quelques heures de méditation aux besoins matériel des moines, si modestes fusent-ils.
Ces communautés religieuses masculines ne manquent pas de similitudes avec des communautés de tir, dont dépendaient essentiellement la sécurité des bourgades par un entraînement aux armes.
Autre spécificité vaudoise: l'ancienneté des sociétés de tirage, une particularité remontant au Moyen Age et au règne des Ducs de Savoie dès le XIII ème siècle.
Ces derniers pour assurer la défense de leurs châteaux, construisirent des villes fortifiées où ils attirèrent des hommes et des femmes en leur consentant quelques privilèges mais surtout en leur offrant une sécurité dont ils avaient grands besoins à une époque troublée où sévissaient expéditions guerrières et brigandages: à charge de ces "futurs bourgeois" de défendre autant leur nouveau lieu de résidence que le château du seigneur savoyard qui les avait attirés dans son orbite.
C'était un donnant-donnant: le seigneur offrait une relative liberté personnelle et la sécurité à d'anciens serfs; à charge de revanche, ces "futures bourgeois" devaient aide militaire et redevances à leur protecteur.
A la différence des cités vaudoises, les communes de la suisse primitive arrachaient "manu militari" leurs libertés à l'endroit de leur suzerains lointain, l'Empereur d'Allemagne ou d'Autriche. Chez ces citoyens "libres", l'organisation de milices et d'exercices aux armes étaient indispensables à leur survie.
En Pays de Vaud, au contraire, chacune des parties vivait de compromis et d'accords, entre le suzerains plus ou moins magnanime et des bourgeois avides de privilèges, mais soucieux aussi de leur liberté.
La "patte" de Berne sur les Abbayes
Chacun le sait, l'occupation Bernoise du Pays de Vaud en 1536, va se traduire non seulement par un assujettissement des Vaudois à leurs Excellences de Berne mais ces dernières leurs imposèrent également leur foi protestante, avec toutes les rigueurs d'une morale austère. Furent proscrites toutes les fêtes ou manifestations rappelant la foi catholiques (kermesse, mardi gras, etc.) et la danse en particulier, avec pour seule exception celle des "trois tours à danser" lors des noces.
Mais leurs Excellence de Berne se gardèrent bien de supprimer les "fêtes de tirage", où leurs sujets incorporés dans les milices bernoises, avaient l'occasion de s'entraîner au tir. Mieux, elles les encouragèrent en maintenant, en autres, le privilège d'exemption de l'impôt pour un an, concédé au "Roi du Tir" , et très souvent accordèrent subsides et prix aux organisateurs.
Bien entendu, leurs Excellence de Berne légiférèrent, à plusieurs reprises, pour réglementer les tirs (ordonnances de 1615, 1659, 1684 et 1727). Y étaient fixées les périodes de tir, l'abandon d'armes désuètes comme l'arbalète et l'arc, les distances de tirage aux cibles (40 m ou 140 m), l'ordonnance des tirs, etc.
Mais, en dépit de la sévérité des moeurs, les "Jours des Rois" étaient l'occasion de fêtes, de collation bien arrosées, très souvent aux "comptes" de la Commune. Le bailli y était convié et faisait profiter les organisateurs de quelques largesses.
La morale, cependant, n'en perdait pas ses rigueurs pour autant.... celui qui se présentait au tir en mauvaises tenue ou en état d'ivresse était amendable et les règlements de certaines abbayes étaient stricts.
Une remarque, en passant: il est assez piquant de noter que leurs excellences de Berne avaient proscrit tout ce qui faisait rappeler la foi catholique (en faisant abattre images, idoles et autels, suppression des bénichons et pèlerinages, interdiction du port de chapelets, etc.), elles ne s'en prirent pas à l'appellation d'abbaye" qui avait tout de même une résonance catholique, même s'appliquant à des sociétés de tir.
Que conclure de cette époque bernoise
Un an avant la Révolution française, leurs excellences de Berne s'inquiétèrent de l'état d'esprit régnant au pays de Vaud et ordonnèrent une grande enquête, en particulier sur les Abbayes vaudoises, leurs statuts, le nombre de leurs sociétaires, les fonds dont elles disposaient et leur loyauté.
De cette grande enquête de 1788, l'expansion des sociétés de tir et des Abbayes a de quoi surprendre, mais les chiffres parlent d'eux-mêmes: a cette date, le Pays de Vaud compte 250 Abbayes, groupant près de 16'000 tireurs et possédant 1'2000'000 florins de fonds propres '.
Un brin d'histoire
Le régime Bernois avait assuré au pays de Vaud ordre, tranquillité, sécurité et une certaine prospérité. Il faut bien reconnaître que la majorité des Vaudois s'en accommodait. Même l'épisode du Major Davel (1723) voulant libérer sa patrie de la tutelle bernoise n'a rencontré que peu d'écho. C'est que, comme le fait remarquer l'historien Charles Gilliard, il existait dans ce pays surtout un patriotisme municipal, bien éloigné du souci d'une indépendance cantonale.
Après la révolution française de 1789 et ses suites, la situation évolue rapidement et brutalement: Leurs excellences de Berne ne croient pas au succès des révolutionnaires et sont même sures que la première coalition des Etats européens va ramener les français à la raison.
Elles se trompent lourdement et n'en prendront même pas conscience lors de la proclamation de la République lémanique du 24 janvier 1798. L'occupation de la suisse par les troupes françaises qui suivit les rappellent à la réalité, mais trop tard !
La France impose et soutient la république helvétique, copie du modèle français. Cette constitution fera vite l'unanimité....contre elle et se forme une vive opposition prête à revenir à l'Ancien régime.
Cette situation explique la révolution vaudoise des Bourla-Papey (brûleurs de papiers). Née de la crainte de voir resurgir les anciens droits féodaux, les "terriers", les Bourla-Papey incendient les châteaux des anciens baillis pour détruire ces "papiers" détestés.
Le mouvement sera rapidement dispersé, mais il demeure significatif de l'état d'esprit et de méfiance qui règne alors.
Méfiance qui va pousser certaines abbayes vaudoises à se saborder.
En effet, le Gouvernement Vaudois promulgue le 22 octobre 1798 une loi exigeant de toutes les sociétés, associations et corporation un versement de 5 % de leur fortune, à titre de prêt patriotique......
De peur que cette première ponction ne soit suivie d'autres, de nombreuses abbayes (dont on a vu plus haut qu'elles possédaient des fortunes appréciables) décidèrent leur dissolution, répartissant statutairement leurs biens et revenus entre leurs sociétaires.
La déconfiture de la République Helvétique s'achève le 19 février 1803 avec l'acte de médiation imposé par Bonaparte: le pays de vaud devient canton suisse à part entière, au sein d'une confédération suisse de 19 cantons.
Dès sa promulgation, la paix revient .... et de nombreuses Abbayes se créent .
1820 - Abbaye de l'Aigle Noir, Aigle
1821 - Abbaye de L'Union Yvorne, Abbaye des Amis de la Liberté , Ollon, 1821 - Abbaye de Leysin, etc.
Il semble que ces fondations successives aient influencé celle des tireurs Vaudois, devenue en 1825 La Société des Carabiniers de Lausanne.
1803-1903 Un grand bond en avant
Le XIX siècle va réserver de nombreuses surprises et aller de rebondissements en rebondissements, tant sur les plans politiques que religieux et scientifiques.
Comme le but de cet ouvrage n'est pas d'en faire l'historique, nous relèverons "en vrac" les événements les plus marquants qui influenceront le pays et la société avant d'aboutir à la création de notre Abbaye en 1821.
Les Abbayes fondées dans le canton de Vaud dès 1803 sont sans doute plus [gratuites] mais elles vont exactement dans le sens de l’Autorité à laquelle elles demandent d’ailleurs de solannelles permissions et contre qui il ne leur viendarait pas l’idée de se révolter.. On ne peut cependant négliger ces groupements, justifiés par l’époque fort trounlée qui suit la révolution. C’est leur côté militaire, partout reconnu de première importance par les initiateurs.
De 1803 à 1808, dix sept abbayes naissent sur le territoire Vaudois, suite logique des guerres dont le pays a été le théâtre.
Douze voient le jour entre 1816 et 1860. Dès lors elles se feront plus rares, certaines disparaîtront.
Sur le territoire de notre commune 2 Abbayes voients le jour la même année soit en 1821.
Les Amis de la Liberté à Ollon et l’Abbaye de l’Uniuon à Huémoz.
Ces fondations sont elles le fuit de ce vent de révolte des dizains du haut qui cherchent à se séparer du bas. Ce secret est bien gardé et nul de saura si c’est le cas car aucun écrit ne peut l’affirmer..
Sur le plan politique
Construction de la ficelle Lausanne-Ouchy (1877).
L'automobile naît aussi à la fin de ce siècle.
D'importantes découvertes ouvrent des horizons nouveaux: la photographie, le télégraphe électrique, la lampe à incandescence, le phonographe.
La médecine connaît le début de l'anesthésie, avec éther et chloroforme (on opérait à vif jusque-là). Pasteur découvre la microbiologie et les vaccins.
Nestlé crée la farine lactée (1868) et Daniel Peter invente le chocolat au lait.
Johanna Spyri écrit un livre bientôt mondialement connu: "Heidi" (1880)
Cet aperçu lacunaire du XIX ème siècle met en lumière les nombreux bouleversements que vécurent Suisses et Vaudois L'épopée napoléonienne s'achève à Waterloo et partout en Europe renaissent les anciens régimes: la royauté en France qui, après trente ans, aboutit à un nouvel empire français, celui de Napoléon III qui s'achèvera en 1870 avec la défaite de Sedan devant la Prusse qui devient Empire Allemand.
L'Europe connaît quatre guerres meurtrières: la guerre de la France et de l'Angleterre contre la Russie, dite guerre de Crimée en 1854; celle de la France et de l'Italie contre l'Autriche, soit les guerres d'Italie en 1859 (avec la bataille de Solférino); la guerre Austro-Prussienne où l'Autriche est battue à Sadova (1866); enfin la guerre contre la Prusse par la France 1870 (entrée des Bourbakis en Suisse).
Une seule lueur: la fondation de la Croix-Rouge en 1880 (premier Comité International).
La Suisse verra cinq constitutions (ou régimes) et une guerre civile entre cantons protestants et catholiques, la guerre du Sonderbund (1847) avec le Général Dufour.
Le canton de Vaud aura aussi cinq constitutions et une crise religieuse, le schisme entre l'Eglise nationale et l'église libre (1847).
Sur le plan scientifique
La machine à vapeur fait son apparition et les riverains du Léman découvrent le premier bateau à vapeur, le Guillaume Tell (1823); suit le chemin de fer dont la construction de la ligne Jura-Simplon; on inaugure le premier funiculaire suisse, le. Paradoxalement, c'est durant cette époque troublée et troublante que vont prendre naissance de nombreuses sociétés, toujours actuelles pour la plupart.
Le XX ème siècle connaîtra les plus graves bouleversement de l'humanité.
Une guerre classique Russo-Japonaise (1904-1905) deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945) , une guerre civile qui divise l'Europe , celle d'Espagne (1936-1939) et celle de l'Abyssinie par l'italie (1935-1936).