Par commandement de nos magnifiques et très honorés seigneurs de la dite ville de Berne, l'on vous notifie la foire ici, au village de Huémoz, mandement d'Ollon, trois jours y compris l'aller et le retour, sauve et sûre, franche et libre de tout obstacle et limitation, à l'exception des vendes à payer.
En défendant que quelqu'un soit si osé ni si hardi d'avoir l'audace, sur la dite foire, de jurer ou de blasphémer le nom de Dieu Tout-Puissant, sous peine de trois florins d'amende et d'être mis au collar "pilori" pendant trois heures pour tout contrevenant.
Pareillement, il est défendu sur la dite foire de commercer sinon avec de bonnes et loyales marchandises, bon or, bon argent, bon poids et bonnes mesures, scellées du sceau et des armoiries de nos dits souverains seigneurs, sous les mêmes peines que ci-dessus et confiscation de la dite marchandise, de l'or et de la monnaie.
Il est également défendu que quelqu'un commerce en dehors des limites sous peine de se voir infliger les mêmes peines.
De même, il est défendu que quelqu'un de la dite foire ne suscite ou commence une dispute de paroles ou de faits sous peine de l'indignation de nos dits souverains seigneurs.
Il est défendu que quelqu'un sur la dite foire ne porte aucun superflu sous peine de trois florins et confiscation de la dite épée.
Semblablement, il est défendu aux hôteliers et hôtelières de renchérir les prix , de cacher dans leurs hostelleries des paillards ou des paillardes, encore moins de les héberger pour tenir mauvais trains sous les peines portées dans l'Edit de réformation de nos très honorés seigneurs.
En outre, il est défendu que quelqu'un soit si osé si hardi de traiter ou de conclure un marché avec des enfants mineurs, des femmes veuves ou autres gens étant sous charge de tutelle, sans l'autorisation des dits tuteurs et curateurs ou bien de la justice sous peine de cinq florins Mauriçois (monnaie frappée par l'Abbaye de St-Maurice) d'amende irrémissible et le marché étant déclaré sans valeur.
Finalement il est défendu que quelqu'un sur la dite foire n'ait l'audace de jouer à aucun jeu interdit selon l'édit de réformation sous les peines qui y sont contenues et aussi de devoir payer les ventes dues.
Les cries et publications étant faites dans les termes ci-dessus, Honnêtes Pierre Mérinat et Henri Ruchet au nom des généralités (assemblée des chefs de familles de Huémoz).
Des paysans du dit village ont demandés des lettres authentiques en forme d'instrument public.
Nous les leur avons accordées et concédées et commandé à notre secrétaire de cour de devoir les leur envoyer pour pouvoir leur aider et servir en perpétuelle mémoire.
Faites et passées au dit Huémoz sous notre sceau accoutumée avec la signature manuscrite du Curial soussigné.
Le tout ici mis en témoignage de vérité et pour la grande fermeté des choses écrites ci-dessus, ce quatrième jour d'octobre de l'an de salut courant mille cinq cents nonante-sept.
(Jacques Dufresne notaire (avec paraphe) + le sceau de David Michel
La foire de Huémoz a duré jusqu'en 1901.